"Cuisine végétarienne et cantine militante"... Il n’en fallait pas plus pour attirer notre attention : nous étions à Calais  et nous avons trouvé un journal « Sans Frontières », avec cet article.
Je vous jure que notre été n’a pas été fameux, c’est constamment en anorak et bonnet sur la tête que nous avons admiré notre mer du Nord, la remerciant de nous faire rêver par son étendue, respirer par son air iodé et marcher le long de son golfe clair pour ne pas avoir froid.
Et bien non contents d’avoir déjà un bonnet, nous avons rajouté 2 casquettes : celle de notre association de solidarité : «amis sans frontières» et celle de l’amap.

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Nous nous sommes dit : amis sans frontières va acheter des bons légumes (car initier des actions de solidarité c’est dans nos statuts ; en l’occurrence c’est une participation) et où donc trouver des bons légumes sinon chez nos maraîchers préférés ?
C’est sous une pluie torrentielle, à la fin d’un marché déplorable, que j’ai demandé à Patrick si on pouvait acheter 25 kg de pommes de terre, 25 kg de courgettes, 10 kg de tomates ( celles qui vous feraient aller les quémander à pied tellement elles sont bonnes) et 5kg d’oignons, car la cuisine, c’est la cuisine, cela se cuisine !
Oui, possible. Rendez-vous  le mardi suivant. Nous livrons mercredi soir après nos  reprises d’activités bénévoles, « les livres et les tricots ». J’ai rajouté du romarin du jardin (pour respecter la chanson) un gros bouquet de menthe fraîche qui embaume notre voiture. Des charmantes jeunes filles nous accueillent et les cageots déclenchent des ouah d’admiration ! C’est qu’il y a bien d’autres légumes récupérés en fin de journée mais la qualité, la couleur, l’odeur, la fermeté des NÔTRES pulvérisent les autres !!  Médaille d’or immédiatement décernée ! Y a pas que le judo qui nous rend fier !
Le lendemain, nous avons envie de voir les cuisiniers à l’œuvre, nous ne sommes pas déçus… du résultat : un grand plat de crudités, tomates obligent, un bon plat chaud à odeur de curry et une salade de fruits frais. Car nous sommes arrivés vers 10h30, tous les légumes sont épluchés, préparés, gardés crus pour les uns, en train de cuire pour les autres. Nous avons le plaisir de voir une gaillarde fille tourner avec vigueur la grande cuillère de bois dans le plat oriental.
Le samedi suivant, nous sommes si enthousiastes que nous  apportons l’ordinateur portable pour montrer à l’équipe des amapiens ramasseurs de pommes de terre, bénéficiant d’un soleil exceptionnel.
Isabelle et Patrick n’écoutent que leur générosité (on ne leur apprend rien, ils n’ont pas attendu après nous pour la mettre en œuvre, avec des enfants de Tchernobyl par exemple…) Ils proposent : « les petites pommes de terre , on ne peut pas les vendre, les grosses courgettes non plus, et les tomates fendues non plus. »
On va refaire un chargement ….dont acte.
Alors nous avons eu le plaisir de refaire la route, de redonner les cageots, d’entendre de nouveau les exclamations d’appréciation, de reconnaissance et de joie d’une équipe internationale renouvelée.
Le lendemain, nous revenons pour quelques photos. Mais on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve...
Le lendemain, c’est le déluge, un orage a inondé le local, presque 15 cm d’eau dans la cuvette où se trouve le hangar bien vétuste. Quand les jeunes militants sont arrivés, ils ont commencé par évacuer les rampes à gaz, brûleurs trempés, remonter les cageots qui flottaient, et « souquer » l’eau impertinente. Alors on s’est retroussé les manches tous ensemble. Comme les postes de radio étaient trempés, les filles se sont mises à chanter, c’était comme dans ce merveilleux film tellement vieux mais toujours d’actualité : le sel de la terre.  Les légumes ont été prêts avec un peu de retard, mais qu’importe ! Les migrants ont été nourris, dehors, debout, et avec une accalmie des nuages.
Le défi des jeunes militants internationaux a été remporté, comme tous les autres jours de ces mois de juillet et d’août.
Mettre la barre du rêve solidaire à la hauteur de repas végétariens, de légumes bio, à la hauteur de préparations collectives, internationales, à la hauteur de repas conviviaux avec des étrangers dans la rue, il fallait oser, il fallait y croire. Ils ne croyaient pas que c’était impossible,  voilà pourquoi ils ont réussi.
Les Lommois qui ont vu à la médiathèque « les choix de Valentin » le reconnaissent bien dans cette nouvelle activité, chaleureuse, fraternelle, écologique et humaniste.

Maryse Degallaix et Bernard Devloo

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